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les caractères typiques physiques et comportementaux  qui font leTornjak

 

De nombreux détails sur la race, qui ont été observés et rapportés par une personne largement connue dans le monde du tornjak en Bosnie et en Croatie: Mr Raic Tomislav.

Ces écrits ont été rapportés et longuement traduits du serbo-croate par Mr Mandic Nikola (éleveur de ma belle Gacka) on retrouve cet article sur son blog :http://tornjak.over-blog.com/2014/09/analyse-comportementale-et-physique-de-la-race-par-un-specialiste-tomislav-raic.html

1/ Comportement: moutons ou maison, même combat :

le tornjak et ses postes de prédilection.


Dans leur environnement « originel » (c'est-à-dire au milieu des troupeaux), les tornjak se tiennent toujours aux postes surélevés à proximité du Tor.

Ce sont des lieux dépourvus de végétations, mais ils se postent souvent à un endroit tout de même légèrement protégé du vent, qu’il s’agisse d’un caillou ou d’un obstacle, et s’il n’a rien sous la main, il se creusera lui-même un petit « renfort » de terre.

Il ne tient pas ses postes uniquement par beau temps, mais également qu’il pleuve ou qu’il neige. Pourquoi se tient-il là, plutôt qu’à l’étable ou sous un arbre ? Tout cela le protégerait efficacement du vent, de la neige ou de la pluie. Aucun doute que pour nous cette surveillance serait plus agréable… La réponse n’est pas dure à trouver :

Notre tornjak fait simplement son travail et n’a que faire du mauvais temps, tout le rend totalement insensible lorsqu’il doit surveiller son troupeau.

Il se tient sur « son » point haut simplement pour pouvoir mieux contrôler la situation et tout ce qui se trouve autour de lui. Il sera plus apte à sentir une odeur anormale et ainsi pouvoir accentuer sa garde. De cette position il aime sentir, écouter et voir.

Il va s’endormir, mais chaque son, chaque mouvement, chaque odeur va le réveiller immédiatement : Il se lève, se fait entendre et est prêt pour l’action.

Mais alors, pourquoi ne pas au moins se tenir sous un arbre?

Si un tornjak se tient sous un arbre, et qu’il pleut, il fera mal son travail. La pluie tombe sur les feuilles, les branches, puis sur lui, tout ceci créant de nouveaux bruits en plus de celui de la pluie et le dérange dans son calme et surtout dans « l’écoute » constante de son environnement.

Idem pour la neige, qui s’accumule sur les branches. Une fois trop accumulée, elle tombe par paquet sur ou à côté de notre Tornjak, et ainsi le gêne une nouvelle fois dans cette écoute.

Il choisit donc toujours un lieu calme lui permettant d’exploiter au mieux ses 3 sens les plus importants : Vue, ouïe et odorat. Le confort ne fait pas partie de ses préoccupations.

Différence entre chiens nés en troupeau et chiens nés en élevage classique :
J’ai récupéré de nombreux Tornjak de troupeau dans mon élevage. La plupart du temps il s’agit de très beaux sujets.

En tenant compte du fait que je vis à 2 endroits complètement différents, au milieu des troupeaux pour ma résidence secondaire et à proximité d’une ville pour ma résidence principale, je vais vous expliquer brièvement comment se comportent ces chiens « sauvages » (de troupeau) lorsque je les transfère en ville:

Et bien, il n’y a quasiment aucune différence de comportement quelque soit le lieu où je les ai conduit ! à la campagne ou à la limite de la ville, aucune différence, un Tornjak se comporte toujours comme un Tornjak !

Etant donné que j’ai déjà des chiens chez moi, il est important de toujours bien présenter les nouveaux arrivants aux “anciens” :

Le nouvel arrivant des troupeaux est toujours incroyablement sérieux, sans aucun faux pas, il se tient calme, pendant que les autres viennent le renifler. Très souvent, il s’appuit sur moi, je suis important à ses yeux. Il n’y a pas de danger pour les anciens et souvent ils remuent la queue, mais pas autant que lorsque j’arrive seul.

Si les sujets sont jeunes, les présentations se finissent toujours en jeu. Ils semblent simplement légèrement perdus, regardent et reniflent beaucoup, puis reviennent toujours vers moi. Mais très rapidement ils deviennent à l’aise et font parti intégrante de « l’équipe » : Ils ne sont plus tristes, très vite à l’aise, ils suivent et jouent avec la bande.

Il est intéressant de noter qu’habitant en bordure d’une immense forêt, ces anciens chiens de travail ne se précipitent jamais dans cette dernière lors des promenades comme leurs congénères nés chez moi : Avant d’y entrer, ils s’arrêtent observent, sentent, souvent en grimpant sur un point haut, puis une fois rentrés dans la forêt, recommencent l’opération en cherchant les courants d’air pour sentir au maximum. Ils reniflent toutes les traces et de partout. Et enfin, ils partent tranquillement comme les autres. Certains, que j’ai depuis 3 ou 4 ans le font toujours. C’est la seule différence que j’ai pu noté entre les 2 « souches » de tornjak.

J’ai donné de nombreux chiots nés chez moi à des bergers de ma région, souvent, s’ils sont en bonnes santé, il n’y a aucun souci. Mais j’ai également déjà offerts des adultes.

A l’arrivée dans le troupeau, ils sont très souvent apeurés. C’est normal, car les chiens du troupeau qui sont sur leur territoire veulent voir qui est arrivé et quelles sont ses intentions. Mon chien se déplace alors peu, il se tient à côté de moi et reste très concentré. Les chiens viennent, se « présentent », repartent mais surveillent toujours du coin de l’œil le nouvel arrivant. Il est tout de même important de signaler que je n’ai jamais donné de mâles adultes, uniquement des femelles.

Le premier jour, le sujet se limite dans ses déplacements, n’a pas une place précise pour se reposer, mange timidement, ne maîtrise pas les règles, et les avertissements des congénères sont très réguliers. Si morsure d’un chien plus ancien il y a, elle n’est jamais violente ou puissante, mais suffisamment pour être un bon avertissement.

Si le nouveau sujet est attaqué et mis à terre, ça ne dure jamais longtemps. Au fil des jours, ces comportements diminuent sauf pour la nourriture pour quelques jours supplémentaires. Mais étant donné que le Tornjak est très intelligent, il tente de se faire rapidement de nouveaux amis dans la meute. Face aux plus méchants, il fait le dos rond, se soumet, et se fait tout petit, gentiment, sans bruit.

Enfin, il apprend ce qu’il a le droit de faire, où il pourra manger, en prenant souvent sa nourriture et en s’éloignant de 20 ou 30 mètres pour être au calme. Il connait donc parfaitement les règles, mange et a des amis. A partir de ce moment, il va moins penser à lui et devenir partie intégrante de la meute : Il commence à aboyer fortement, court rapidement et de façon sûre vers la forêt, vers un intrus, même si cela ne sert à rien, simplement pour montrer à la meute qu’elle peut compter sur lui. Il a sa bande, ses amis, mais va aussi commencer à s’imposer face aux sujets les plus faibles.

J’ai également, après plusieurs années, ramené ces mêmes chiens chez moi : Ils se sont comportés comme des chiens nés en troupeau : Attentifs et méfiants, mais sans aucune agressivité.

Je n’ai jamais donné un vrai chien de compagnie “de maison”(traité presque comme un humain, qui rentre dans la maison, est chouchouté, etc.) en troupeau, car je n’ai pas moi-même à proprement parlé un mode de vie “moderne”(maison dans un lotissement par exemple) mais j’ai pu étudié de nombreux chiens nés dans ce cadre puis ensuite envoyés en troupeau assez jeunes.

L’un d’entre eux est arrivé au sein d’une meute très dure, mais, grâce à son intelligence mais aussi beaucoup d’attention, de force et de volonté, il est devenu le leader de la meute, et tous ceux qui l’on accueillit durement et brutalement se sont soumis par la suite. Il est hélas mort accidentellement, mais ses bergers en parlent encore comme d’un chien de troupeaux hors du commun, lui né au milieu d’une famille comme animal de compagnie.

 

2/ Physique, l’importance du respect du standard :

J’entends et lis souvent, de la bouche de certains de mes amis, que l’allure ou l’anatomie d’un Tornjak n’a aucune importance. L’important étant d’avoir un bon animal de compagnie. Je comprends parfaitement ce sentiment d’affection envers son chien mais moins le fait de n’accorder aucune importance à l’apparence de ce dernier, surtout s’il a eu le choix et qu’il a des notions, et je comprends encore moins pourquoi ces sujets atypiques sont promus.

Selon moi il ne faut pas avoir un Tornjak avec de gros défauts physiques, bien au contraire, son apparence est primordiale, qu’il respecte le standard avec ses particularités, pour être de vrais représentants de la race. Il est important de noter que les chiens atypiques physiquement le sont aussi TRES souvent psychologiquement et ne sont pas adaptés à leurs fonctions originelles. Je vais vous donner une liste non exhaustive d’exemples de défauts physiques qui rendent le chien inadapté à ses fonctions originelles, en conclusion, tout chez un Tornjak a été sélectionné pour une utilité précise ou au moins pour éviter certains soucis :

la tête:


. Les yeux :
Un chien avec un fort ectropion sera embêté dès l’entrée dans un pré ou un champ aux hautes herbes, car de nombreuses impuretés peuvent rentrer dans ses yeux. Il en deviendra nerveux et ne travaillera pas sereinement, donc mal. Tout comme l’ectropion, l’entropion est mauvais, les poils autour des yeux lui grattant la cornée, ce qui irrite cette dernière et est insupportable pour un chien, le rendant encore une fois moins attentif.

. Les oreilles :

Idem pour les chiens aux oreilles ne tombant pas correctement : les impuretés pénètrent, le chien secoue la tète, est nerveux, développe des inflammations et autres croutes à force de se gratter, et souvent ne supporte plus personne, ce qui le rend totalement inutile au sein du troupeau.

. La gueule :

Des babines supérieures trop pendantes ne nuisent pas seulement à la beauté du chien, mais l’empêchent de mordre efficacement en cas de besoin et, plus grave, il se blesse souvent seul voir se coince la lèvre : Il est alors condamné à attendre d’être « libéré » par le berger, ces derniers utilisant l’expression « il a mordu à son propre hameçon ».

le dos:

Il ne doit pas avoir un dos trop long, il doit au contraire être court. Un dos trop long est source d’accident, le chien est souvent « brisé », le dos tombe.

 

les membres:

Les pattes avant ne doivent pas être trop sous le corps. Si c’est le cas, L’équilibre des masses est perturbé et ce type de chien a tendance à se fatiguer rapidement. Les pattes trop courtes sont aussi très néfastes en cas de neige, le chien se fatigue rapidement. Trop longues aussi, le chien est moins vif, et se fatigue également plus rapidement.

La position et l’angle des pattes arrières doit scrupuleusement respecter le standard : On voit souvent des chiens aux pattes arrières « ouvertes », ce qui empêche le chien de se déplacer harmonieusement, et il se fatigue plus rapidement également. Chez ces chiens, on a l’impression qu’il sort de la boue à chaque démarrage. Les déplacements en pente sont également très pénalisés.

Les paluches doivent être fortes, avec des doigts proches et des griffes courtes. Si les doigts sont trop écartés, en période hivernale ses déplacements sont plus compliqués, puisque la neige se colle entre eux, idem avec la boue. Ces chiens ont souvent tendance à se lécher les pattes. Les griffes trop longues ont tendance à casser et créer des blessures. Les chiens en troupeau n’ont souvent pas ces problèmes de griffes car elles sont taillées naturellement par les innombrables déplacements sur des sols peu accueillants.

L’ossature :

Les chiens trop lourds à l’ossature trop importante se fatiguent aussi trop rapidement. Ils sont incapables de tenir le rythme en cas d’attaque et sont donc eux-mêmes en danger, mettant ainsi en péril tout le troupeau.

Les chiens trop légers ne conviennent également pas, ils ne survivent que rarement aux conditions extrêmes en montagne.

le poil:

Le poil ne doit pas être court, bien au contraire, ce dernier se doit d’être fourni et le sous poil dense. Les mâles sont connus pour être mieux fournis que les femelles au niveau du cou. Ce surplus à plusieurs rôles : Pour plaire aux femelles lors de l’accouplement : On ne doit pas le regarder en tant qu’humain, mais se mettre à la place d’un « concurrent » : Ce surplus le protège plus efficacement des morsures et renforce sa résistance au froid, car bien évidemment un tornjak dort souvent à proximité de son « tor » même au cœur de l’hiver.
Sa grande queue fournie, en plus d’être un atout pour la parade, lui permet également de passer ses nuits glaciales durant son sommeil en la maintenant entre ses pattes arrière pour maintenir ses parties génitales et son ventre nu au chaud.
En plus, c’est un atout indéniable pour le berger afin de lui permettre de repérer son chien au milieu des moutons en mouvement.

3/ Sélection et alimentation, du troupeau à l’élevage moderne, quelles différences ? :

L’observation des chiens au troupeau permet de comprendre rapidement comment la nature les a sélectionnés, comment survivent uniquement les plus robustes, sains et vaillants. Les femelles sont bien évidemment aussi importantes que les mâles puisqu’elles donnent naissance à des sujets sains, elles sont d’ailleurs et souvent  aussi robustes que les mâles.

Il est encore plus intéressant de voir à quel point ces chiens sont actifs et dépensent de l’énergie toute la journée, alors que la quantité de nourriture qu’ils reçoivent est plus que légère et de mauvaise qualité.

Alimentation originelle:


Il est connu que les tornjak adultes sont des chiens relativement frugaux, mais on est tout de même en droit de se demander comment font-ils pour supporter leurs conditions de vie difficiles et les différentes batailles qu’ils doivent mener pour leur survie ou celle du bétail tout en restant souvent splendides !

Les chiots naissent souvent dans des conditions précaires, à l’étable ou dans l’enclos, malgré cela le taux de mortalité est faible. Les chiots grandissent au cœur du troupeau, et dès qu’ils sont en âge de marcher ils entament déjà de longues marches au milieu des moutons sur des terrains accidentés et pentus, et à l’âge adulte sont beaux et en pleine santé.

Les tornjak en troupeau sont clairement mal nourris : leur menu est composé de produits laitiers, pain rancit, de temps à autre un vieux morceau de lard, les restes de repas des bergers et un peu de farine ou polenta. Ils consomment rarement de la viande, en automne un peu plus lorsque se prépare la charcuterie et reçoivent les restes.

Ils savent également très bien constituer leur propre menu en volant des œufs ou en se nourrissant de rongeurs ou autre cadavres d’animaux. Les baies et autres plantes d’alpage sont également très appréciées.

Et aujourd'hui, comment sont nourris ou plus généralement élevés nos Tornjak?



La sélection actuelle faite par les éleveurs est l’opposée de ce qui se fait depuis plusieurs siècles :

les parents grandissent dans les meilleurs conditions, les chiots sont tous vermifugés, naissent dans des caisses en bois, ne souffrent d’aucune carence, n’affrontent pas le froid et ainsi même les très faibles survivent : Il n’y a plus de lutte pour la survie, plus de combats à mener et même les problèmes sont réglés à coup de médication et autres compléments alimentaires, on leur évite les escaliers, les promenades sont calibrés et chronométrés, etc etc etc.

Et malgré cela, Ces chiens à qui l’on porte une attention hors-norme finissent souvent en chiens de qualité moyenne, souvent malades et n’ont pas le quart des qualités physiques de leurs cousins de troupeau qui n’ont pourtant pas été aussi bien traités.


Attention, je ne dis pas qu’il faut laisser faire la nature à tout prix: le berger aussi ne garde souvent que les chiots qui ressemblent le plus à leurs parents, avec toutes les qualités qui en découlent. Il pérennise dès lors des sujets permettant la survie de qualités vieille de 1000 ans.

Ce mix entre la sélection par la survie et la sélection par l’homme n’est-il pas le plus bénéfique ?


C’est tout de même l’homme qui est la clef de cette sélection, car la nature sait ce qui est sain et utile, mais l’homme lui sait ce qui est beau. Pour cela nous devons travailler main dans la main avec la nature.

Hélas, et bien au contraire, nous allons tout faire pour que notre chien survive, qu’il soit au chaud au pied ou sur le lit, et les voleurs et autres loups peuvent toujours attendre… Nous éloignons doucement notre tornjak de ses troupeaux à grands coups de coupes et autres médailles…


Attention, tous les chiens ne doivent pas forcement affronter le loup, grand froid et tenter de survivre dans les pires conditions, mais qu’ils soient au moins beaux et sans tares apparentes ! Le plus grave est lorsqu’un connaisseur de la race se retrouve devant un tornjak et demande de quelle race s’agit-il…


Il en résulte une image faussée de la race, aussi bien au niveau du caractère que du physique.

Ainsi de grosses tares sont transmises sur plusieurs générations.

Ces critiques ne sont pas là pour dénigrer telle ou telle personne, mais pour le bien de la race et pour une réflexion saine au niveau de l’élevage.

Il existe des contraintes techniques à la reproduction que doivent passer ces chiens pour obtenir un pedigree, mais hélas ces pseudos contraintes ne sont pas toujours en phase avec la réalité : Et pourtant, les critères exigés par le standard sont exactement ceux que demandent la nature et le monde pastoral, mais ces 2 derniers ne laissent rien passer, contrairement au monde canin moderne, il n’y a pas, dans les montagnes, de passe droit pour un ami juge ou éleveur…

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Le cri du coeur d'un passionné, Tomislav Raic, Septembre 2014:

Le texte qui suit, dur et sans concession, n'est pas une attaque mais une complainte venant du cœur, au sujet d'organismes et de personnes qui n'ont pas compris que les tornjak ne sont pas des chiens de beauté, mais des chiens qui ont eu un rôle pendant plusieurs siècles. Les critiques générales à l'égard de la gestion du Tornjak sont hélas appliquables à la totalité des races bergères de protection, du tornjak au sarplaninac en passant par le kangal.

le tornjak en 2014

 

« Que peut-on dire sur le Tornjak, après ces 15 dernières années où l’élevage, les expositions, les écrits et autres articles sur notre Tornjak ont explosé ?
Une première constatation s’impose : à l’heure actuelle, notre cher Tornjak n’a plus d’ennemis « naturels » :

Les éleveurs et autres passionnés de la race se « préoccupent » de sa santé, de son apparence, et des belles histoires à son sujet, mais il est malheureux de dire qu’il n’a jamais été autant en danger ! Le danger est tel qu’on risque de voir apparaître une nouvelle race, un nouveau Tornjak qui n’aura plus rien à voir avec « le » vrai Tornjak originel.

Il a survécu à toutes les tortures, aussi bien naturelles qu’historiques, mais hélas il risque de ne pas survivre aux critères modernes de l’élevage, des juges et autres manifestations canines… Je suis horrifié de constater que depuis les 20 dernières années, le tornjak n’a jamais été autant sur la sellette, et c’est uniquement de la faute de l’homme moderne, celui qui pense à tord l’aimer le plus.

C’est donc l’homme qui représente la plus grande menace pour le Tornjak ! L’homme, ses intérêts, sa politique cynophile et, encore plus grave, le nationalisme qui se mélange facilement à la cynophilie dans nos pays des Balkans…

Regardons un peu derrière nous, vers ce passé vieux de plusieurs siècles et qui a permis à notre Tornjak de survivre aux pires tortures de l’histoire et de la nature.


Depuis plusieurs millénaires, le Berger n’a jamais structuré l’élevage, mais ses chiens étaient libres et ce sont les chiens, parmi les plus puissants, les plus débrouillards, qui ont « organisé » l’élevage : en effet, les plus faibles n’ont pas pu « participer » à la reproduction car physiquement n’ont pas pu prendre le dessus sur les plus forts pour pouvoir s’accoupler. Le Berger lui n’avait plus qu’à éliminer les boiteux, peureux, inattentifs au travail ou malformés. Mais avant ça la sélection naturelle était déjà passée par là et c’est après toutes ces éliminations « utiles » que le berger choisissait son tornjak, celui qu’il trouvait le plus fonctionnel mais aussi « beau ». Ils n’avaient pourtant ni diplôme d’éducateur ou juge canin, ou de formateur de maître… Mais ils savaient très bien qu’un défaut physique engendrait souvent un problème technique.

Ils les sélectionnaient avec attention, car un chien bien bâti, beau et fier avec toutes les caractéristiques pastorales nécessaires, faisait sa fierté. Ces tornjak là, bien plus qu’un simple nom, portaient également un vrai type « tornjak », car ils n’avaient encore aucune identité mais formaient une race bien plus homogène que la plupart des sujets actuels.

Alors qu’aujourd’hui, ce que nous voyons est une industrie du Tornjak: Ils ont un pedigree, un nom, un nom d’élevage, une puce et une multitude d’infos sur leur pedigree, il ne leurs manque plus qu’une date de péremption…

L’élevage, pourtant parfaitement organisé en apparence, est en réalité complètement désorganisé, car on ne sélectionne pas drastiquement les chiens et on ne les élève plus pour un besoin mais pour une envie ! De plus, les jugements sont souvent l’œuvre de personnes qui n’ont pas de moral, et qui en plus n’ont jamais vu un Tornjak de leur vie.

Mais le pire, c’est que ces éleveurs ne sont pas du tout unis.

Les conflits sont dus à des différences de vision concernant la nationalité, le territoire, la montagne d’origine, mais aussi le je « sais-tout-isme » où les anciens affrontent les jeunes, les membres de tel clan contre un autre, etc. En réalité, ceux qui en apparence souhaitent souvent le meilleur pour la race sont surtout à la recherche d’une reconnaissance personnelle et nourrir leur égo.

Et bien évidement, c’est le but même de l’élevage qui a été perdu, tout comme le travail commun des éleveurs pour le bien de la race, sans parler du refus absolu de reconnaître l’aide d’un ancien et encore de reconnaître avoir eu un mentor, ces mentors et anciens qui d’ailleurs ont souvent rendu service sans aucun intérêt autre que le bien de la race, et sont traités comme des moins que rien par ce monde « moderne » de l’élevage.


Les problèmes rencontrés sont de plus en plus nombreux, et certains sont réellement inquiétants, voici une liste non exhaustive :


Instabilité psychologique (chiens craintifs, peureux, agressifs avec l’homme, etc.)

Inutilité ou inefficacité au troupeau à cause de défauts physiques (entropion, ossature grossière, babines trop tombantes, etc.)

Dysplasie

Fragilité face aux maladies

Manque d’endurance et de vitesse face aux loups

Ossature trop légère

Problème de peau

Mortalité accrue à la mise bas

Couleurs atypiques

Dépigmentation


Il ne faut jamais oublier que le tornjak est un gardien de troupeau

Je me demande donc si j’ai toujours raison d’offrir des chiens à des bergers quand on voit qu’on trouve des chiens, au cœur des troupeaux, offerts ou vendus par de nombreux éleveurs, qui ne supportent plus le grand froid, et qui ne survivent pas sans notre aide ou celle d’un vétérinaire ? Qu’on trouve également des mâles qui ne réussissent pas de saillie et des femelles qui ne mettent plus bas sans complications ? Des chiens qui en bordure de troupeau boitent ? des chiens qui ne supportent plus la lumière à cause d’un problème de peau ou d’une mauvaise pigmentation? Maladies qui même dans une cour ou une ferme deviennent problématiques, et plus seulement au troupeau.

Et bien je ne sais pas, car de nos jours il est plus important de débattre sur internet pour savoir pourquoi tel ou tel tornjak est-il tenu en laisse ou pourquoi vit-il en appartement plutôt que dans une famille aimante avec un grand terrain… Voici les questions existentielles actuelles de la race…

Et bien évidemment il faut “liker et toujours plus “liker” les photos de ses amis, pour qu’ils puissent vendre à prix d’or leurs chiots à des étrangers… Honte à tous ces « amoureux », éleveurs, et « amis » de la race !!!!



Sans de bons mentors, sans de jeunes éleveurs bien éduqués et informés, sans des juges compétents, sans un respect scrupuleux d’un standard que la FCI a validé mais également de ses règles générales, sans un travail commun de nous, éleveurs, nous ne connaîtrons pas le succès.





Et que les photos retouchées et autres belles histoires racontées par intérêt par une poignée de décisionnaires ou éleveurs incultes ne nous fassent jamais oublier le plus important et la seule et unique chose importante : Continuer à élever ou posséder un Tornjak, un vrai ! »

 

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